samedi 21 juillet 2007

Telquel et le journal hebdo : L’affaire Ariri

Le directeur de l’hebdomadaire Al Watan a été arrêté pour publication de “documents liés au secret défense”. Il n’a, à l’écriture de ces lignes, toujours pas été relaxé. Le point sur une affaire qui ne fait que commencer.Linformation s’est répandue comme une traînée de poudre en cette matinée de mardi 17 juillet. “Abderrahim Ariri, directeur de publication d’Al Watan Al An, a été arrêté à son domicile par des policiers en civil, très tôt ce matin”. Immédiatement mis en garde-à-vue, il n’a, à l’écriture de ces lignes (jeudi 19 juillet), toujours pas quitté les locaux
Cette page sera mise en ligne le 27 juillet 2007

Le Journal Hebdo
Editorial : Etat fébrile
N° 312 du 21 au 27 Juillet 2007
A l’heure où nous bouclons cette édition du « Journal », notre confrère Abderrahim Ariri, directeur du journal «Al Watan», et Mustapha Hourmatoullah, journaliste du même hebdomadaire, sont toujours en garde à vue et ce, depuis le 17 juillet 2007, le procureur général près la cour d’appel de Casablanca ayant ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire sur la publication par «Al Watan» de documents considérés comme attentatoires à la sécurité nationale.
Les deux journalistes sont en fait au secret parce que l’arsenal juridique marocain permet à l’autorité compétente, la Police judiciaire (PJ) en l’occurrence, d’interpeller sur ordre du Parquet un journaliste et le questionner sans qu’il puisse bénéficier de l’assistance de sa défense et ce pendant plusieurs jours d’affilée . Pour les lecteurs avides de séries-télé-policières américaines où le prévenu se targue de ses droits en invoquant la présence de son avocat, il faut savoir qu’au Maroc ce droit n’est que pure chimère. Ici, l’interpellation est synonyme de black-out total. De quoi sont accusés au juste nos confrères ? Essentiellement d’avoir divulgué dans les colonnes de leur publication des fac-similés de deux notes confidentielles des services de renseignement. La principale émanant de la DST à l’adresse des services secrets militaires et faisant état de l’existence sur la Toile d’un site Internet d’une mystérieuse organisation jihadiste qui prône le renversement des régimes maghrébins et l’instauration d’un régime islamiste au Sahara. Le site en question est dans le domaine public. Les documents éventés par les journalistes ne peuvent donc être estampillés «secret défense, une qualification d’ailleurs pas codifiée», car les informations qu’ils contiennent sont accessibles et ont, d’autre part, été largement diffusées par la plupart des chaînes de télévision panarabes. L’incarcération et la poursuite des journalistes n’ont donc qu’un seul objectif, celui de les obliger à révéler leurs sources. Ce qui est une violation manifeste des droits les plus élémentaires des journalistes et une criminalisation de leur travail. La manière dont ils ont été traités (interpellation musclée, fouilles, saisie de documents sur le lieu de travail, application de mesures anti-terroristes) confirme la volonté de restreindre le droit à l’information. Elle révèle aussi et surtout la fébrilité de l’Etat face à une inquiétude de taille : la fuite organisée de documents à caractère sensible. Une faille qui en dit long sur les tensions palpables au cœur du Renseignement marocain au moment où le pays est sur le pied de guerre contre la menace terroriste.

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